Un prénom peut-il à lui seul inspirer les artistes du monde entier.
En 1916, Picasso réalise à Rome les décors et costumes d’un ballet russe de Diaghilev.
Il tombe en admiration devant l’une des danseuses, Olga Khokhlova. Elle deviendra rapidement non seulement sa muse, mais aussi sa première épouse.
En son hommage, il peindra plusieurs portraits d’elle, dont une œuvre très particulière, Portrait d’Olga dans un fauteuil. Il y délaisse le cubisme, pour revenir temporairement au Réalisme.
Le tableau est étrange : la femme et le fauteuil semblent flotter dans un espace inexistant. Olga n’a même pas l’air assise. Son siège semble presque en deux dimensions.
Un siècle plus tard, toujours en Italie, William Sawaya imagine un fauteuil pour Olga, Olga M., cliente et amie du designer et galeriste (Sawaya & Moroni, Milan).
Contrairement à Pablo, Sawaya déploie cette fois, avec son assise 4.Olga, toute l’ampleur de la 3D.
On sait la galerie Sawaya & Moroni familière de ce genre de virtuosités spatiales, possédant, notamment, dans son « écurie » des architectes tels Zaha Hadid, spécialiste de la forme fluide, ou Daniel Libeskind, as de la forme « piquante ».
Le fauteuil 4.Olga, lui, est dans la même veine. Une sorte d’acrobatie dynamique. Son dossier file ainsi vers le bas pour composer la base, puis remonte et s’aplatit un brin pour constituer l’assise, se gondole pour dessiner deux accoudoirs, enfin replonge vers le sol pour s’achever par deux pieds arrière, le tout en un même mouvement.
Plusieurs fines feuilles d’érable ont été compressées pour former un bloc qui a ensuite été usiné à l’aide d’une fraiseuse à cinq axes – cinq sens d’usinage différents -, avant une longue finition manuelle. Résultat : une assise qui se contorsionne à l’envi, évoquant moins, au final, le registre classique de la ballerine Khokhlova que les tournoiements de voiles de la danseuse américaine Loïe Fuller. Une nouvelle Danse serpentine ?
source les Echos.fr