Trébédan. Le village où l’école sera écolo et design
1,2 M€ de travaux et 258.000 € de mobilier, le petit bourg de Trébédan met le paquet pour son école, dernier lieu de vitalité sociale, qui va faire l’objet d’une rénovation écolo et design.
Face à la désertification des petits bourgs ruraux, il y a ceux qui se résignent, et ceux qui s’accrochent pour enrayer la lente agonie. À Trébédan, au sud-ouest de Dinan, on n’a pas de pétrole, mais quelques idées.
Dernier moteur de vitalité sociale encore en activité, l’école « Le blé en herbe » est ainsi l’objet de toutes les attentions, et devrait présenter en 2014 son nouveau visage, au carrefour de l’art contemporain, des économies d’énergie et des liens intergénérationnels.
Une école design
Depuis 2007, la commune est engagée dans un projet de rénovation originale de son école, en partenariat notamment avec le CAUE (*). « On est dans le cadre de l’action “Nouveaux commanditaires” de la Fondation de France, qui permet à des citoyens de passer commande d’une oeuvre à des artistes contemporains », explique Didier Ibagne, maire de la commune depuis 2008. Mais au lieu de commander une création artistique déconnectée du quotidien, c’est toute l’école qui a été repensée par la designer Matali Crasset. « Au départ, on était parti sur un projet de signalétique autour des sources de la commune. Puis au fur et à mesure des réunions avec les habitants, on s’est focalisé sur l’école, trait d’union entre les gens et les générations. À partir des besoins exprimés par les habitants, j’ai conçu le projet de rénovation, en lien avec l’architecte briochin Mathieu Le Barzic », indique Matali Crasset, qui a notamment imaginé quatre « extensions de générosité », structures multifonctions en bois ajouré. Afin de valoriser le rôle de l’école dans la vie communale, la cantine accueillera les activités associatives hors temps scolaire, et les jeux extérieurs seront ouverts au public.
258.000 € de mobilier
De la table d’écolier au bureau de la maîtresse, le mobilier de la classe a totalement été revisité par la designer. « Chaque objet est une création unique, fonctionnelle et polyvalente, précise Matali Crasset. Les tables seront réglables en hauteur et pourront être assemblées ou individualisées, les chevalets pourront devenir étagères… Tout est pensé en vue d’une autoconstruction, afin de faire participer les parents d’élèves. » Côté budget, il faut compter environ 258.000 € pour ce mobilier design. Un peu cher, pour seulement 75 élèves répartis en trois classes ? « On aurait pu faire plus simple, mais l’originalité du projet nous a permis d’obtenir des financements qu’on n’aurait pas eus autrement : 60.000 € du ministère de la Culture, idem par le conseil général et la Fondation de France. On a aussi une piste auprès de la Fondation Carasso, pour un montant de 100.000 € », souligne Didier Ibagne.
« On sera les petits radiateurs de la classe »
Le gros du budget reste la rénovation de l’école et la construction des nouveaux bâtiments, soit 1,2 M€, ces travaux étant subventionnés à hauteur de 60 %. « Il s’agit de bâtiments passifs », note le maire. Et pour expliquer le fonctionnement hautement économe en énergies de tels bâtiments, c’est encore les élèves de l’école qui en parlent le mieux : « Ce sera une grande boîte avec une grosse couette dessus, et on sera les petits radiateurs de la classe. »
Quatre « extensions de générosité » en bois
Imaginées par la designer Matali Crasset, quatre « extensions de générosité » feront partie intégrante de la future école. « Chacune des extensions a une fonction. L’une servira à faire le lien entre l’école et le reste du village, à l’extérieur. Une autre servira de garage à vélo et d’atelier de réparation. Une troisième sera destinée au jeu, et la quatrième sera un espace lecture », explique la designer. Ci-contre, l’extension « La rencontre », exposée en juin 2010, à Rennes, à l’occasion de la biennale d’art contemporain.
(Photo DR source : article : Télégramme.fr)