Le salon Maison et Objet se termine, et je vous ai mis à disposition un Ebook, de nos préférences, que vous pouvez télécharger gratuitement.
Mais aujourd’hui, je voudrais vous faire regarder ce même salon, mais avec le regard d’un journaliste étranger.
Jean-Claude Poitras travail à la revue CANADIENNE , le Devoir, et voici son avis sur ce salon.
Au fil de ses éditions semestrielles, Maison Objet a su s’imposer comme la vitrine internationale et le rendez-vous incontournable de la planète design. En renouvelant chaque fois ses orientations et en mobilisant tous les métiers de la décoration, le salon parisien permet de voir émerger la création, de mesurer l’évolution des tendances et de redécouvrir le savoir-faire des artisans et la tradition des métiers d’art.
La dernière cuvée, d’une richesse incontestable, nous en a fait voir de toutes les couleurs en projetant le design à l’avant-scène et en le faisant triompher sur tous les fronts, bien au-delà des frontières. L’événement est ainsi devenu un provocateur d’inspirations qui milite activement pour la promotion du talent et de la création.
C’est à travers une multitude de thèmes et d’espaces novateurs qu’on y a proposé un large panorama transversal couvrant toutes les facettes du design, en nous conviant non seulement à des expositions et des showrooms, mais également à des forums, des conférences et des séminaires.
Chaque année, le salon met en vedette une star du milieu. Pour 2013, tous les feux étaient braqués sur l’oeuvre d’Odile Decq, diplômée en architecture et en urbanisme, qui s’était vu décerner le Lion d’or à Venise en 1996. En plus d’une rétrospective qui retraçait les temps forts de sa carrière, la flamboyante créatrice a présenté un parcours de son univers où l’architecture et le design transgressent leurs limites.
L’autre invité d’honneur de cette dernière édition était Joseph Dirand, architecte de formation, qui connaît un succès phénoménal partout dans le monde. Parmi ses dernières réalisations, soulignons le restaurant Monsieur Bleu au Palais de Tokyo, qu’il faut inscrire sur la liste des must de Paris.
Salon référence de la haute décoration, « Scènes d’intérieurs » occupe une place particulière au sein de Maison Objet. C’est ainsi qu’on avait confié à Joseph Dirand le soin d’orchestrer sa scénographie d’ensemble. La mise en scène grandiose allait créer un écrin très classe, à la mesure de l’événement qui fédère les plus prestigieuses manufactures du luxe, les grandes marques de mode maison et les créateurs les plus pointus.
La relève n’est pas en reste car, à chaque session, le salon offre aux signatures montantes un espace d’expression pour présenter leur travail aux professionnels du monde entier.
Désireux de faire la fête au design et de faire vibrer le Tout-Paris, les organisateurs avaient fait coïncider Maison Objet avec la Paris Design Week pour la troisième année. Cette semaine du design vise à susciter des rencontres et des échanges entre les acteurs et les adeptes, afin de proposer des micro-conférences, des projections, des visites d’expositions, d’ateliers, de studios, de boutiques et de restaurants cultes ou branchés .
L’esprit de célébration s’est ainsi déployé dans chaque quartier autour de pôles d’attraction aussi variés que le marché Paul Bert Serpette, l’irrésistible marché aux Puces de Saint-Ouen et le Carrousel du Louvre, haut lieu de modernité, sans oublier Now ! Le OFF, la pépinière de talents émergents regroupée aux Docks, Cité de la mode et du design, un hors-norme installé depuis peu sur les berges de la Seine.
À retenir
Mais que faut-il retenir de cette cuvée design 2013 ? La diversité exceptionnelle des objets, du mobilier et des luminaires présentés, allant du styles ethnic chic au postindustriel.
Nous assistons visiblement aux bouleversements des manières de penser et de faire, ainsi qu’à l’invasion du design dans toutes les sphères de l’art de vivre agissant comme un véritable noyau gorgé d’énergie, bâtisseur de l’époque et du futur. La créativité dans tous ses états s’est ainsi manifestée en faisant cohabiter le design et l’art, l’architecture et la gastronomie. Nous vivons à l’heure de la démocratisation du design.
Les lignes courbes ont la cote ; exit la rigidité de structures droites ou angulaires. Coté mobilier, on opte pour la finesse et la légèreté des formes, au détriment des canapés lourds ou massifs. Les meubles très bas sont dans l’air du temps. On adore l’utilisation des bois bruts ou exotiques, mélangés au verre et à l’acier, et on privilégie les formes ludiques, ergonomiques et inspirées de la nature, autant pour les lampes que pour les objets utilitaires.
L’importance accordée en particulier au haut de gamme à tous les niveaux continue de marquer une différence fondamentale entre nous et les Européens : question d’éducation ou de bon goût ? Il faut bien avouer que le prêt-à-jeter est beaucoup moins envahissant que chez nous dans les rues et les intérieurs de Paris, Milan, Londres ou Barcelone.
La revalorisation du savoir-faire transmis de génération en génération par les artisans des métiers d’art, à l’image des petites mains en haute couture, contribue à la renaissance des grandes maisons traditionnelles de France, de Belgique, d’Allemagne et d’Italie.
Le cobranding
L’époque est sans doute aux collaborations de toutes sortes, au cobranding et au codesign. L’heure de l’individualisme a sonné, place à la solidarité et à l’omniprésence des collectifs de designers regroupés autour des stands d’éditeurs ou des pavillons à l’effigie de leur nation.
Le design n’est plus l’apanage des pays reconnus depuis toujours, des influenceurs et des leaders confirmés, avec en tête l’Italie, la France, l’Allemagne, le Japon et les pays scandinaves.
Et les contrées émergentes, grandes ou petites, cherchent à se démarquer en affichant haut et fort leur créativité particulière avec un branding d’exception et en exposant le best of de leurs designers. C’est le cas de la Lituanie avec son slogan Lituanian Design Block, de l’Islande avec Love Reykjavik, de la Belgique, de la Lettonie, de l’Équateur, de l’Argentine, du Liban, de la Tunisie, du Vietnam et de l’Afrique du Sud, parmi d’autres.
Il faut mentionner le succès, tant médiatique que commercial, des designers taïwanais. Qui l’eût cru ? Eux qu’on avait toujours accusés de plagiat et qu’on affublait encore récemment du label « mauvaise qualité » se sont ainsi refait une image de marque après cinq ans de participation à des salons de design dans le monde.
Clamant leur leitmotiv Fresh Taïwan, see the difference, les designers de cette petite île marginale ont réussi à changer la perception des gens grâce à la détermination de leur gouvernement, qui a eu l’intelligence et la témérité de réunir les ministères de l’Économie, de la Culture et du Tourisme pour se doter d’une politique du design révolutionnaire.
« Dès le début, notre objectif était de transformer la perception négative de la griffe « Made in Taïwan », qui nous collait à la peau depuis toujours, en une impression d’originalité et d’avant-gardisme pour le « Design in Taïwan », synonyme d’excellence », explique le directeur du Taïwan Design Center et commissaire du collectif, Patrick Hung. « Nous avons instauré depuis 10 ans plusieurs écoles supérieures de design et nous organisons chaque année le plus grand rassemblement de créateurs au monde, la Young Designers Exhibition. » Plus de 8000 étudiants provenant de 58 écoles internationales couvrant toutes les facettes du design se retrouvent ainsi à Taipei pour en célébrer les derniers courants. Il s’agit de la plus grande exposition du genre à l’échelle mondiale. M. Hung est également très fier que la capitale de Taïwan ait été choisie en 2011 pour être la ville hôte du congrès international de la Design Alliance, une marque de reconnaissance qui continue d’avoir des retombées significatives.
Catalyseur d’innovations
Delphine Prieur, de l’agence Design Project, la firme parisienne de relations de presse engagée par le Taïwan Design Center pour promouvoir des designers sur le marché français, en rajoute : « J’ai rarement vu un tel engagement provenant autant des autorités gouvernementales que des créateurs, rassemblés autour d’un même projet visionnaire et mobilisateur. Ce catalyseur d’innovations qu’est aujourd’hui le TCD reste pour moi une source d’inspiration admirable. »
Le Québec, qui brillait une fois de plus par son absence à Maison Objet, le passage obligé du milieu du design, pourrait sûrement tirer des leçons de l’expérience taïwanaise. Encore faut-il que la politique ait la volonté, le courage et l’audace de penser, de voir et de faire les choses autrement.
CARNET DE STYLE
Tendances déco décryptées
La journaliste française Caroline Wietzel, passionnée de design, spécialiste en décoration et collaboratrice aux magazines Madame Figaro et AD, nous révèle les idées et les courants qui marqueront la décennie, côté déco, dans un bel ouvrage bien ficelé qui vient de paraître aux éditions de la Martinière, Carnet de tendances déco. Ce livre, qui explique les tendances de notre époque à partir d’entrevues avec les créateurs et les influenceurs actuels, s’impose comme un must auprès des décoristas de toutes les générations. Qu’il s’agisse du vintage qui prend racine dans un passé proche mais parfois lointain, ou de l’upcycling qui intéresse tant de jeunes designers adeptes du recyclage, de l’écoconception, de l’innovation, et qui tend à concilier savoir-faire artisanal et technologie, toutes les tendances de l’heure y imposent leurs codes de façon pratique et séduisante. Ce guide joliment illustré et impeccablement documenté a tout pour devenir une référence.
RW & CO se démarque
Les collections capsules des grands détaillants dessinées en collaboration avec des stars de l’heure, de Véronique Cloutier à David Beckham, n’en finissent plus de combler les groupies autant que la presse people. RW & CO, la marque québécoise qui rayonne partout au Canada, semble avoir misé juste en s’associant avec le jeune acteur hollywoodien originaire de Vancouver, Hayden Christensen, pour le lancement de sa nouvelle collection masculine, disponible à compter du 7 novembre. Bellâtre au charme irrésistible et férue de mode, la star a su imposer un sens inné du style à ses vêtements sobres mariant avec subtilité classicisme et modernisme, beauté des matières et coupes impeccables. Une réussite sur toute la ligne. rw-co.com.
L’Atelier b. en duo
Catherine Métivier et Anne-Marie Laflamme sont deux amies d’enfance qui rêvaient de créer en duo leurs collections de prêt-à-porter en alliant matières responsables, production locale et innovation. C’est en 2008 qu’elles ont lancé Atelier b., une ligne de vêtements interchangeables pour femmes et pour hommes, aux formes minimalistes et intemporelles, qui fait aujourd’hui la joie des hipsters. L’aventure se poursuit avec l’ouverture récente d’un atelier-boutique au cœur du Mile-End. La collection entièrement produite à Montréal compte déjà plus d’une trentaine de points de vente au Canada. Ce défi de concevoir une mode éthique et écoresponsable, basée sur le développement durable en codesign, s’inscrit dans l’air du temps. atelier-b.ca.